40 % des adjectifs français n’existent qu’au masculin ou au féminin. Ce chiffre brut, rarement évoqué, résume toute la complexité de l’inclusivité linguistique. Derrière chaque mot, une question : comment dire “joli” sans assigner un genre ? L’administration, les entreprises, les médias sont de plus en plus nombreux à s’emparer de ce défi, poussés par une exigence de neutralité et d’ouverture qui s’impose à l’écrit comme à l’oral.
L’absence de formes neutres conventionnelles oblige à inventer, à fouiller le lexique, à choisir avec soin des adjectifs capables de s’adapter à tous les contextes. Il ne s’agit pas d’appauvrir la langue, mais bien de l’enrichir, de donner à chaque phrase la possibilité de s’adresser à toutes et tous sans jamais sacrifier la justesse ou la tonalité.
Pourquoi chercher des alternatives neutres à “joli” ?
Le masculin générique s’est imposé comme la norme dans notre langue. Pourtant, cette habitude s’accompagne de zones grises et véhicule des stéréotypes d’un autre âge. Employer “joli” au masculin pour parler d’un groupe composite ou indéfini, c’est ignorer la diversité des identités et la volonté d’égalité qui traverse notre époque. Chercher des termes neutres en français pour joli, c’est affirmer que la langue ne doit laisser personne de côté, quelles que soient ses appartenances ou son genre.
Ce n’est pas une coquetterie passagère. C’est le reflet d’une transformation profonde, portée par la demande de visibilité des personnes non binaires et LGBT+. L’apparition du pronom “iel” dans l’usage courant, à l’image de “they” en anglais ou “hen” en suédois, illustre cette évolution : la langue s’ouvre pour accueillir, pas pour trier.
Face à cette dynamique, administrations, entreprises et médias revoient leurs pratiques. Remplacer “joli” par un mot neutre, c’est s’interroger sur la façon dont le langage modèle nos visions et façonne la société. Les mots ont un poids, surtout quand il s’agit d’égalité.
Voici quelques raisons concrètes de privilégier le neutre :
- L’usage du neutre permet de rendre visibles toutes les identités de genre.
- Choisir des termes neutres rend la langue plus accueillante et plus fidèle à la société telle qu’elle évolue.
Écriture inclusive : un enjeu pour une langue plus accueillante
L’écriture inclusive, aujourd’hui, devient un outil incontournable pour renouveler notre rapport à la langue française. Sa vocation ? Ouvrir le langage à toutes les identités, garantir la parité et faire de chaque mot un levier de reconnaissance. Le Haut Conseil à l’égalité en fait un pilier de ses recommandations. Plusieurs dispositifs structurent ce mouvement : point médian, termes épicènes, féminisation des intitulés de métiers, accord de proximité. Tous ont un objectif commun : desserrer l’étau du masculin générique et créer de l’espace pour l’ensemble des identités.
Les adjectifs épicènes, comme “magnifique”, “remarquable” ou “admirable”, sont des alliés précieux pour remplacer “joli”. Leur force : ils conviennent à tous les genres, sans forcer la main à la grammaire ni recourir à un doublet systématique. Le point médian offre une autre option : “beau·e”, “élégant·e”. Si certains puristes grinceraient des dents, cette méthode se diffuse dans la communication institutionnelle et l’enseignement supérieur.
Féminiser les métiers, c’est aussi rendre justice à des générations de femmes invisibles. L’accord de proximité, qui consiste à accorder l’adjectif avec le terme le plus proche, et l’accord de majorité, qui invite à dépasser l’idée que “le masculin l’emporte”, dessinent une grammaire plus juste et plus souple.
Ces évolutions se résument ainsi :
- Les termes épicènes donnent des formulations neutres, utilisables partout.
- Le point médian symbolise le choix d’inclure, sans hiérarchie entre les genres.
- La féminisation et l’accord de proximité transforment la grammaire en levier d’égalité.
Quels mots utiliser pour remplacer “joli” de façon neutre et inclusive ?
Pour remplacer “joli” sans indiquer de genre, il faut s’orienter vers les adjectifs épicènes. Ils ne sont pas légion, mais certains permettent de contourner la binarité sans perdre en nuance ni en valeur expressive.
Parmi les alternatives, on retrouve : magnifique, remarquable, charmant, attrayant, élégant, raffiné. Chacun de ces mots peut s’appliquer à une personne, un objet ou un concept, sans besoin d’indiquer un genre. Leur usage s’étend de la description littéraire aux échanges professionnels. Bannir “beau” ou “belle” au profit d’un adjectif épicène, c’est choisir la neutralité sans rien sacrifier à l’expressivité.
Quelques alternatives concrètes à retenir :
- Harmonieux : pour décrire un ensemble, une voix, une création équilibrée.
- Séduisant ou attrayant : pour mettre en avant un charme subtil, sans référence au genre.
- Rayonnant, lumineux : pour souligner la clarté ou l’énergie d’un visage, d’une œuvre ou d’un moment.
L’utilisation de noms épicènes et de pronoms neutres comme “iel” ou “ul” renforce encore plus cette démarche inclusive. Intégrer ces alternatives dans les écrits, la poésie, la communication professionnelle, c’est affirmer que la langue peut devenir un espace d’égalité. Choisir un vocabulaire neutre n’est pas une simple question de style, c’est une façon de contribuer, au quotidien, à une société plus juste.
Ressources et astuces pour enrichir votre vocabulaire inclusif au quotidien
Pour varier son vocabulaire et intégrer des termes neutres en français, il existe plusieurs ressources fiables. Certains manuels édités par l’agence Mots-Clés ou chez Hatier proposent des outils pratiques pour s’approprier l’écriture inclusive, adaptés à chaque contexte, qu’il soit professionnel ou créatif.
La littérature offre aussi de nombreux exemples inspirants. Monique Wittig et Anne Garreta, par exemple, ont expérimenté des récits où le genre disparaît du texte. Dans L’Opoponax ou Sphinx, le recours au pronom “on” ou à la neutralité grammaticale invite à repenser nos habitudes de lecture et de langage.
Pour aller plus loin, voici quelques pistes à explorer :
- Les recherches d’Éliane Viennot sur la féminisation des fonctions et les formes doubles.
- L’ouvrage Le féminin et le masculin dans la langue, pour mieux saisir la désignation des genres en français.
- Les analyses de Pascal Gygax, Sandrine Zufferey et Ute Gabriel (Le cerveau pense-t-il au masculin ?), qui interrogent l’impact cognitif du langage genré.
Le pronom “iel” se diffuse peu à peu, notamment dans les milieux militants, universitaires et éditoriaux, pour inclure les personnes non binaires et les minorités de genre. Sur les réseaux professionnels, et particulièrement sur LinkedIn, des listes de termes neutres et des astuces circulent chaque semaine. En adoptant une approche réfléchie et créative, chaque locuteur contribue à une langue vivante et ouverte, où chaque mot compte et où l’égalité avance, pas à pas, à travers le choix du vocabulaire.


